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...place maintenant au film !

It's a balm that goes right to my heart... 

C'est donc Barack Obama qui a remporté le ticket pour la Maison Blanche. Barack et Michelle "Whitney Houston" Obama. Félicitations ! A vrai dire, on s'en doutait un p'tit peu, surtout dans les tout derniers jours, et pas uniquement à cause des sondages en sa faveur ; c'était, comment dire, en suspension dans l'air, palpable, son nom sans cesse scandé partout, la ferveur démocrate à son paroxysme, et le tandem McCain/Palin soudain complètement hors du coup. 

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Craignant de vivre un moment historique au beau milieu du désert, et donc de n'avoir probablement que du sable et des coyotes à filmer, nous avons décidé de passer le 4 novembre dans la ville mythique de LAS VEGAS, située dans la pointe sud du Nevada. Nous avons échoué à la tombée de la nuit (le 3 novembre) dans une bien étrange auberge de jeunesse qui, fait notoire, avait ceci de particulier : la consommation d'alcool y était autorisée, voire même carrément préconisée ! Nous y avons croisé de drôles de drilles, alertes et à l'aise, c'est le moins qu'on puisse dire ! Mais, épuisés par le soleil, la route et la boisson, nous n'avons pas trop tardé à regagner notre modeste dortoir 8 places.

Le lendemain matin, nous nous sommes mis en tête d'aller filmer dans un bureau de vote. Mal nous en a pris ! A chaque fois que nous pensions arriver au bon endroit, nous nous cassions le nez. Nous avons fini par obtenir l'adresse d'un bureau de vote encore ouvert (la bibliothèque municipale, en fait), mais à l'autre bout de ville ! Et je tiens à rappeler que les villes américaines, mêmes modestes en importance, ont la fâcheuse manie d'être très étendues, quadrillées de milliers de carrefours, et comme vous vous en doutez, une fois qu'on est parvenu à cette bibliothèque, au bout de 3/4 d'heure tout de même, nous n'avons pas eu l'autorisation de filmer ! Pour ne pas repartir bredouilles d'aussi loin, nous avons filmé une discussion avec les responsables "en caché", c'est à dire à leur insu, en pointant la caméra vers le sol, mais en n'oubliant pas de continuer à enregistrer le son !

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Sur le chemin du retour, un peu désemparés, nous avons eu la chance de croiser à un carrefour une poignée de jeunes militants pro-McCain brandissant des pancartes, invitant/incitant de vive voix conducteurs, passagers et passants, à se rendre au bureau de vote et à y déposer un bulletin républicain. Réflexe, demi-tour, garage improvisé de la voiture : il ne fallait rater ça sous aucun prétexte ! Pendant une bonne heure et demie, nous les avons filmer chantant, criant, s'époumonant, se trémoussant, gesticulant, courant, passant d'un côté du carrefour à l'autre, essuyant quelques "Obama ! Obama !" au passage, se faisant insulter parfois. Episode vain au su des résultats, mais tellement comique, touchant aussi... Les jeunes républicains, mais également les jeunes "démocrates pour McCain", offraient aux yeux de tous un spectacle d'une rare ferveur, donnaient là tout ce qu'il pouvaient encore donner, au crépuscule d'une bien longue campagne. 

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Un peu plus tard, nous errions dans le Las Vegas pour touristes, longeant les casinos où, c'est bien connu, il est formellement interdit de filmer, à la recherche d'un écran de télé si possible en pleine rue, diffusant les résultats en direct et - SURTOUT - sous les regards anxieux d'un public. Echec ! Même à Las Vegas, ville aux mille et un écrans vidéos géants, pas un seul, à notre connaissance, hormis dans les casinos, ne diffusait ce que nous voulions. Sauf peut-être un petit "smokeshop" un peu à l'écart, un fumoir, la boutique d'un marchand de cigares. C'est là que nous avons pu filmer les résultats en direct, ainsi que les réactions de la rare clientèle du soir : hormis le patron, deux Blancs d'une cinquantaine d'années, dont l'un visiblement très *hips* éméché, ainsi qu'une une Afro-Américaine du même âge, arborant un t-shirt Obama, comme il se doit.

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Les Etats tombaient les uns après les autres entre les mains des démocrates, quand soudain, entre deux zaps (il n'était pas question de ne pas suivre simultanément le match de football américain), au détour d'une page de pubs, la nouvelle de la victoire d'Obama est tombée. Les gorges se sont serrées, la dame n'a alors pu retenir un gémissement qui avait tout du cri de joie, elle s'est mise à applaudir des deux mains, pleurant, les trois autres demeurant tout à fait impassibles. L'émotion étant trop forte sans doute pour supporter davantage la présence de la caméra dans son champ, elle est partie regarder la suite chez elle, sans oublier de répéter plusieurs fois à ses compagnons : "Je n'aurais pas pu être en meilleure compagnie".

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C'est là que j'ai pris conscience que prenaient fin enfin huit années de busheries, dans les volutes de fumée et la clameur insouciante des amuseurs de touristes au dehors...

THE  END